Baldi et la partie de pêche

Baldi a appris à pêcher très jeune. C’est son grand-père qui lui a montré, avec patience et fierté. Voler, voler loin au-dessus de l’écume, puis plonger, bec en avant, et se laisser porter dans le bleu profond. Remonter, secouer ses plumes, savourer.
C’était tout un art, une danse entre ciel et mer.

Les années ont passé. Baldi chérit encore ces souvenirs salés, bercés par le vent et les rires. Mais aujourd’hui, il doit se débrouiller seul. Et ce n’est plus aussi simple.

Depuis une mauvaise réception, ses ailes ne le portent plus comme avant. De l’extérieur, rien ne semble changé — il a toujours ce même regard rieur, ce plumage impeccable — mais à l’intérieur, des douleurs invisibles le traversent comme des éclairs. Voler devient difficile, parfois même impossible.

Alors Baldi a fait ce qu’il sait faire de mieux : s’adapter.

Avec ses amis, ils ont fabriqué une canne à pêche, fine et solide, qu’ils ont testée et améliorée, encore et encore. Pendant qu’eux partent au large, Baldi reste sur la jetée. Il lance sa ligne, attend le frémissement dans l’eau, le petit tiraillement au bout du fil. Il connaît désormais les remous, les heures propices, les secrets des poissons qui nagent près du rivage.

Et le soir venu, ils se retrouvent tous ensemble autour d’un feu. Ça sent la mer, le bois flotté et le poisson grillé. Ils mangent, ils rient, ils racontent leurs journées. La pêche est devenue un moment de partage, un nouveau genre de traversée.

Et les jours où ça ne va vraiment pas fort, quand même sortir sur la jetée est trop difficile, ses amis déposent les poissons devant chez lui. Parfois avec un petit mot, un coquillage, une blague.

Parce que Baldi n’a peut-être plus les ailes de ses vingt ans. Mais il a la tendresse de ceux qui restent, et la force douce de ceux qui réinventent leur liberté.

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