A petits pas

Nérisson et Croquette ne se sont pas cherchées.

Elles se sont trouvées.

Par un hasard joyeux, un de ces hasards qui surgissent au détour d’un sentier, un matin de printemps où l’air pétille et où tout semble possible.

Depuis ce jour, elles avancent côte à côte. Elles ont grimpé des collines, rêvé de sommets, organisé des pique-niques improvisés avec trois mûres, deux feuilles de menthe et une brioche légèrement écrasée.

Elles ont partagé des éclats de rire et des silences d’or.

Et puis, il y a eu la patte de Croquette. Capricieuse. Fragile. Elle se casse plus souvent qu’on ne le voudrait. Un faux pas, un caillou mal placé, et la voilà qui proteste. Au début, ça a été compliqué. Les projets mis en pause, les randos reportées, les larmes discrètes.
Mais jamais elles n’ont renoncé.

Elles ont appris à faire autrement. À marcher plus lentement, à prévoir des arrêts, à inventer des chemins bis quand le terrain devient trop rude.

Et surtout, elles ont parlé. Beaucoup. Pour se dire les besoins, les limites, les envies, les « aujourd’hui ça va », les « aujourd’hui ça pique un peu ». Elles ont compris qu’il n’y avait pas de honte à adapter, à demander de l’aide, à dire "stop" ou "encore".

Et qu’avec un peu de tendresse et beaucoup d’écoute, on peut grimper bien plus haut qu’on ne le croit. C’est peut-être ça, leur super-pouvoir : leur façon de s’écouter. De vraiment s’écouter.

Alors maintenant, souvent, c’est Nérisson qui porte le pique-nique. Elle l’équilibre avec soin sur son dos, entre les tartines, les thermos, et le plaid à carreaux.

Et c’est Croquette qui guide. Elle connaît les recoins secrets, les raccourcis doux, les points de vue les plus magiques.

Elles avancent ensemble, à leur rythme.

Et à leur rythme, elles vont loin.

Peut-être pas aussi vite que d’autres. Mais sans doute plus profondément.

Dans chaque pas, il y a un accord, une confiance. Une promesse silencieuse qu’elles tiendront toujours l’une à l’autre.

Et puis, il y a ces jours de soleil… Ceux où Croquette rit fort, où Nérisson invente une chanson, où la forêt les accueille comme chez elles. Ces jours-là, il n’est plus question de patte douloureuse ou de limites. Il n’y a qu’elles, des miettes de gâteau au coin de la bouche… et le monde, grand ouvert devant elles.

 

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