Balaba et la brosse à dents géante

Balaba vit là-haut, dans les montagnes, entre les rochers tièdes et les cascades glacées. Elle est grande. Très grande. Trois cous, trois têtes, trois bouches. Une hydre aux écailles luisantes, impressionnante, un peu solitaire aussi.

Ce n’est pas qu’elle n’aime pas la compagnie. C’est juste qu’avec le temps, elle s’est mise en retrait. Parce que ce que peu voient, c’est que Balaba ne peut plus se brosser les dents.

Trop grande pour les objets du quotidien. Trop différente pour les rayons des magasins. Aucune brosse à dents ne lui est adaptée. Elle a essayé. Des branches. Des filets de mousse. Même des balais. Rien ne fonctionne. Et à force, elle a arrêté. Arrêté de chercher, arrêté de sourire, arrêté de parler.

Les autres, eux, ne comprennent pas. Ils se moquent parfois. D’un souffle, d’une odeur, d’un mot mal articulé.
Et Balaba encaisse. Silencieuse.

Mais un jour, quelqu’un frappe à sa grotte. Toute petite, toute vive : une souris. Elle s’appelle Sam. Une aventurière au sac bien rempli et aux idées plus grandes qu’elle.

Sam ne se moque pas. Elle ne propose pas de "solution miracle". Elle écoute. Et quand Balaba lui parle de son souci, elle ne rit pas, elle dit juste :

— Tu n’es pas trop. C’est le monde autour qui n’a pas encore appris à s’ajuster. Et si on lui donnait un coup de pouce ?

Alors Sam se lance. À travers les crêtes, elle part demander de l’aide aux géants, ces êtres immenses aux gestes lents et sages. Et dans l’un de leurs ateliers, elle trouve une brosse à dents géante : douce, solide, parfaite pour une hydre à trois têtes.

Quand elle revient, Balaba est émue. Elle laisse Sam grimper et ensemble, elles brossent, doucement, patiemment.
Et sous la lune, ses sourires scintillent enfin.

Le lendemain, Balaba redescend dans la vallée. Elle ne cherche pas à impressionner. Elle n’a pas changé qui elle est.
Elle a juste trouvé, grâce à une alliée, ce dont elle avait besoin pour se sentir bien.

Parce qu’il ne faut pas être plus petit pour rentrer dans les cases.
Parfois, il faut agrandir le monde.

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Le souffle d’y croire