Les recettes de Nuni

Nuni adore manger. Croquer, goûter, savourer… Chaque repas est une fête, une aventure pleine de couleurs et de saveurs. Le craquant d’une feuille tendre, le velouté d’une soupe chaude, la douceur d’un fruit bien mûr… Chaque bouchée lui raconte une histoire.

Mais il y a un hic. Son ventre, lui, n’est pas toujours d’accord. Parfois, il se tord, il brûle, il grogne comme un orage en colère. Sans prévenir, il gâche le plaisir et lui rappelle qu’il ne peut pas tout manger comme il le voudrait. Nuni est malade, et certains aliments lui font du mal.

Au début, c’était dur. Très dur. Il regardait les autres déguster des plats délicieux, insouciants, tandis que lui devait compter, trier, renoncer. Tout ce qui lui faisait envie semblait interdit. Il avait l’impression que la gourmandise lui échappait, que les repas ne seraient plus jamais une joie mais une prudence de chaque instant.

Mais Nuni est un gourmand, un vrai, et il n’était pas question pour lui d’abandonner le plaisir de bien manger.

Alors, petit à petit, il a appris. Il a testé, modifié, adapté. Un ingrédient en moins, un autre en plus. Une épice trop forte remplacée par une herbe plus douce. Une recette qui échoue, une autre qui fonctionne. Il a compris que la cuisine pouvait être un jeu, un terrain d’expérimentation où chaque saveur comptait.

Et surtout, il a découvert que bien manger, ce n’était pas seulement une question d’aliments : c’était aussi prendre le temps, écouter son corps, apprendre à composer avec lui au lieu de lutter contre lui.

Puis, un jour, une idée a germé : pourquoi garder tout ça pour lui ?

Dans un coin tranquille de la forêt, sous un grand arbre aux branches protectrices, Nuni a ouvert son propre restaurant. Un petit endroit chaleureux, où les guirlandes de feuilles bruissent doucement dans la brise, où l’air est toujours chargé d’une odeur rassurante de pain chaud ou de bouillon fumant.

Ici, tout est pensé pour que chacun puisse savourer un repas sans crainte. Les lapins au ventre fragile, les écureuils au palais délicat, les ours gourmands mais prudents… Tout le monde trouve une assiette à son goût. Il y a des plats mijotés pour les jours où l’on se sent fragile, des soupes légères pour apaiser, des douceurs réconfortantes qui fondent sur la langue sans jamais peser.

Nuni accueille chaque client avec un sourire et une promesse : « Ici, on mange bon, et on mange bien. »

Et chaque soir, quand les derniers convives s’en vont, repus et heureux, Nuni s’installe à son tour devant un petit bol fumant. Il ferme les yeux, inspire profondément… et savoure.

Parce que oui, il faut parfois adapter les recettes, changer ses habitudes. Mais jamais renoncer au plaisir.

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