Derrière la vitre
Croustille est un chat d’appartement. Il a un beau pelage doux, de grandes moustaches, et surtout… une fenêtre. Derrière cette fenêtre, le monde danse : les feuilles volent dans le vent, les oiseaux dessinent des zigzags dans le ciel, le soleil s’étire sur les murs des maisons, et les autres chats courent, jouent, se poursuivent.
Croustille regarde tout cela en silence. Il aimerait tant les rejoindre. Courir après les feuilles. Discuter avec les chats du coin. Se rouler dans l’herbe chaude.
Mais Croustille ne peut pas.
Il doit rester à la maison.
Alors il attend. Il attend le matin. Il attend le soir.
Il attend que quelqu’un se souvienne de lui. Parfois, il a l’impression qu’une grande gomme efface peu à peu sa place parmi les autres.
Pourtant, Croustille n’est pas un chat comme les autres : il a un secret.
Son secret, c’est son imagination.
Quand les autres chats partent courir dans la rue, lui ferme les yeux et… Pfiouuuu !
Le voilà qui décolle, perché sur une comète, filant à travers le ciel.
Il visite des planètes en caramel, grimpe des volcans en chocolat, et saute d’astéroïde en astéroïde comme sur un trampoline. Dans l’espace, il n’est jamais seul. Les étoiles brillent autour de lui, comme des lanternes amies. Parfois, d’autres petits aventuriers viennent le rejoindre : une luciole perdue, une souris voyageuse, ou même un enfant rêveur.
Mais même là, au milieu des étoiles, Croustille le sait : rêver ne devrait pas être son seul moyen de vivre des aventures.
Pourquoi doit-il rester derrière une vitre, pendant que le monde, dehors, court sans lui ?
Pourquoi ses rêves devraient-ils être sa seule liberté ?
Car, tu sais, les chats comme Croustille existent vraiment.
Et parfois, ce sont aussi des enfants, ou des grands.
Ils aimeraient sortir, jouer, partager. Mais la société n’est pas toujours prête.
Les trottoirs sont trop hauts, les activités trop rapides, les portes trop lourdes.
Alors, comme Croustille, ils attendent.
Et ça, ce n’est pas juste.
Un soir, en regardant le ciel, Croustille pense très fort : Et si le monde s’ouvrait un peu plus ?
Et si chacun trouvait une place à sa taille ? Et si personne n’avait plus besoin d’attendre derrière une vitre ?
Ce soir-là, les étoiles lui répondent en scintillant encore plus fort.
Comme pour lui dire : Oui, Croustille. Un jour, ce sera possible.
Alors il ferme les yeux, le cœur plus léger. Et quand il repart chevaucher les astéroïdes, il se dit qu’un jour, il n’aura plus besoin d’imaginer pour vivre ses aventures.
Un jour, dehors, le monde sera prêt à l’accueillir tel qu’il est.